Rencontre entre Yoga et Kolam
Kolam, une éducation du cœur et des pensées.
Conviée par la Fédération Française de Hatha Yoga, l'objectif a été de partager via des ateliers, ma connaissance des kolam avec les participants et d'offrir une expérience sensuelle, culturelle, esthétique et philosophique de l’Inde. Voici quelques ressentis glanés au fil des années et qui illustrent l'impact profond que suscite en nous la rencontre avec ce merveilleux art éphémère de l'Inde du Sud.
Nul besoin de savoir dessiner car avec la terre comme lieu d’expression, la main pour seul instrument et quelques poudres colorées, les kolam combinent formes harmonieuses et symboles de l’iconographie hindoue. Associés à la grammaire du nombre, ils invitent à une discipline et à un jeu de l'esprit. Peindre sur le sol rappelle les jeux de l'enfance, c’est l’expérience d’un espace nouveau, le plaisir de toucher des matériaux doux ou rugueux et de dessiner avec les doigts. Les kolam expriment en toute simplicité l'effort dans la joie et la détente profonde et développent une immédiate concentration. Très souvent, l’ordonnance spatiale des kolam repose sur la répétition d’un élément graphique ou d’un symbole autour d’un point central et sur une base généralement carrée ou circulaire. Il convient de voir dans la répétition des figures non pas un manque d’imagination des artistes mais plutôt une volonté délibérée de lasser l’intellect toujours avide de nouveautés. La réitération des motifs crée un rythme visuel qui engendre la sérénité. Lorsque le trait fuse, il y a à la fois retenue et abandon de soi. Il faut rythmer son souffle à celui de la main pour cueillir l’instant, le volatile des pensées, les métamorphoses du monde et les incarnations fugaces de l’indicible. Peu à peu, nous nous éloignons de la culture de l'immédiat et de l'avoir. La persévérance se développe et le pèlerinage vers le calme intérieur commence. Encore faudra-t-il accepter l'idée qu'en détruisant un kolam, nous le délivrons de sa forme matérielle et non de son essence.
Extraits de mon livre : « Voyage dans l’imaginaire Indien, Kôlam, dessins éphémères des femmes tamoules » Editions Geuthner.
Rencontre autour des kolam avec des professeurs de yoga
"La perception spatiale très différente a déstabilisé mes repères habituels ; l'approche graphique étant à la fois centrée et déployée dans l’espace. J’ai eu l’impression d’avancer dans un espace étranger, une jungle géométrique où similitudes et différences s’imbriquent étroitement. Placer des repères, se positionner ici et là, suivre la trace et apprendre le geste qui permet de déposer la poudre de pierre. Petit à petit, c’est une danse qui s’esquisse, le corps se plie et ploie vers le kolam en devenir. Lorsque le motif apparaît, j’ai senti une joie profonde, enivrante s’élever en moi, puis m’envahir. Une spirale qui partait du cœur et s’élevait (vers où, vers qui ?) Une spirale qui célébrait l’instant, le faire, le don. Une spirale qui célébrait la vie en train d’être vécue, l’initiation, le partage, l’humilité face à ma grande ignorance et mon manque de savoir-faire. Ma reconnaissance va à toutes celles et ceux qui perpétuent la tradition de peindre la terre et à celles et ceux qui la documentent, la font connaître et nous permettent de l’expérimenter. Je m'inscris ainsi dans la grande communauté des êtres vivants célébrant la vie." Catherine R
"Les kolam me font penser aux crop circles et à ce titre ne seraient-ils pas des clés d'accès à l'invisible ? Chaque kolam vibre peut-être à une certaine fréquence en fonction de sa forme et de l'intention de la personne. Aussi en fonction de son emplacement, peut-il avoir plus d'impact auprès des passants ? Il y a aussi le côté éphémère du kolam qui me fascine." Luc P.