Linga, la dimension cosmique de Shiva
Le linga, un symbole unique
Shiva-Absolu dans sa dimension cosmique figure sous la forme du linga à l’apparence phallique. Dans les temples, le linga est posé sur un piédestal appelé yoni en forme de vulve et qui représente Shakti la puissance dynamique de la déesse.
Un récit mythique tiré du « Linga Purana » relate la suprématie de Shiva sous cette forme particulière : « Un jour, alors que Brahma et Vishnou se querellaient en affirmant à tour de rôle être le plus puissant des dieux, surgit du fond de l’océan une colonne de feu immense. Surpris par l’apparition mais néanmoins décidés à s’affronter, Brahma et Vishnu décidèrent d’en mesurer la hauteur. Le premier prit la forme d’une oie et vola le plus haut possible en quête du sommet, le second, transformé en sanglier plongea au fond de l’océan pour en atteindre la base. L’entreprise fut un échec, aucun des deux n’ayant réussi à approcher les limites de la colonne. Shiva apparut et expliqua que la colonne infinie n’était autre qu’un linga, symbole de son pouvoir. Les dieux n’eurent pas d’autre choix que d’accepter sa suprématie. »
On raconte que c’est à Tiruvannamalai que s’est illustrée cette légende ; cette dernière raconte aussi comment ce même linga de feu se transforma dans notre âge actuel appelé « kali yuga » en une montagne afin que les fidèles puissent contempler la métamorphose de Shiva à des kilomètres à la ronde. Le temple au sommet de la colline fait également partie d’un ensemble de cinq sanctuaires qui vénère le linga sous la forme des cinq éléments matériels ; linga de la terre à Kanchipuram, linga de l’eau à Srirangam, linga de l’air à Kalahasti et linga de l’espace à Chidambaram qui transcende tous les autres. Ce sanctuaire parmi les plus célèbres du Tamil-Nadu est également dédié à Shiva Nataraja, le Danseur divin.
Dans les temples, le linga toujours dressé est souvent associé au yoni, symbole de la déesse Shakti, principe féminin de l'énergie divine et ces deux principes sont inséparables.
Les temples Jyotirlinga, littéralement "linga de lumière" sont des sanctuaires où Shiva serait apparu à la manière d'une colonne ardente. Chacun des douze temples porte le nom d'une divinité considérée comme une émanation du dieu Shiva. Ce dernier symbolisé par un pilier sans commencement ni fin renvoie à sa nature infinie. L'épopée du Ramayana rapporte une légende en relation avec le temple de Rameswaram situé à l'extrême pointe sud du Tamil-Nadu sur l'île de Pamban. Rama, la septième incarnation du dieu Vishnou pria Shiva de le purifier du meurtre du démon Ravana qui avait kidnappé son épouse Sita. Il ordonna Hanuman à la tête de son armée de lui ramener un linga des Himalayas. Ce dernier prit du retard et comme la période astrologique favorable était sur le point de s'achever, Rama créa de ses mains, un linga de sable qui selon les croyances est à ce jour, celui contenu dans le Saint des saints.
Shiva yantra mandala
Certains kolam proches des yantra d'obédience tantrique représentent Shiva ou le principe masculin du purusha par un triangle igné ou pointé vers le haut. L’autre triangle, l’apex tourné vers le bas incarne Shakti sa parèdre et principe féminin de la nature ou prakriti. Le linga se dresse dans le yoni et la superposition apparente des pyramides opposées symbolise leur union.
Des kolam composés de deux triangles superposés sont également dessinés à l'intention du fils de Shiva appelé Murugan ou Karthikeya. Le mois de Adi (mi-juillet, mi-août) est une période propice pour rendre hommage au dieu Murugan. Lorsque l'on dessine à l'intérieur de la maison et plus particulièrement devant l'autel, les femmes ajoutent la syllabe sacrée OM au centre des deux figures - ॐ en sanskrit ou ௐ en tamoul- et le mantra Sa-Ra-Va-Na-Bha-Va (ச-ர-வ-ண-ப-வ) sur les pointes des deux triangles. Si le kolam prend place à l'extérieur devant l'entrée de la maison, on se contente de dessiner les deux triangles avec des extensions variées et sans écrire les sons sacrés car il n'est pas question de fouler de ses pieds la formule sacrée.
Une fête de Shivaratri chez mon amie Lakshmi
Il est de coutume pour les familles hindoues d'organiser à la maison, des rituels d'adoration appelés puja. Ce sont des cérémonies qui occupent une place très importante et apportent en retour, les bénédictions divines sur le foyer et ses membres. Pour cela, les familles font appel à un spécialiste, le pujari qui a étudié les textes religieux et les formules consacrées. Le prêtre est rémunéré car sa rétribution tout autant que le rituel accroissent bienfaits et mérites spirituels du sponsor.
Le prêtre ou pujari connaît également la science des yantra et des mandala considérés comme des espaces d'invocation de la divinité. Ils sont les outils indispensables des rituels d'adoration. Les représentations de poudre peuvent être anthropomorphes ou géométriques comme dans cette peinture éphémère.
Le rituel Ekadasa Rudra Parayanam consiste à chanter le SriRudram, des hymnes qui célèbrent le dieu Shiva. En général, cette cérémonie organisée une fois par mois vise à obtenir bonne santé, tranquillité de l'esprit et bonheur familial.
Si vous avez envie de dessiner un kolam : commencer par la grille de points, relier ces derniers et colorier.