Joyeux Noël du Tamil-Nadu
Bien que le kolam soit hindou à l’origine, il s'invite dans les maisons et les lieux de culte chrétiens. À l'approche de Noël, en ville ou dans les villages tamouls, on s'ébahit à la vue des kolam à l'esthétique qui oscille entre icône religieuse et imagerie kitsch.
En Inde du sud, Noël est également une fête nationale; les écoles ferment et les activités ralentissent. J'ai toujours été fascinée par l'aptitude unique de la culture indienne à assimiler et à s’imprégner de tout ce qui venait à elle à travers les siècles. La fluidité conjuguée à la capacité de fusion a favorisé les mélanges d’idées et les synthèses culturelles. Il en est ainsi pour qui veut découvrir et goûter l’esprit de l’Inde. Bien que le kolam soit hindou à l’origine, il s'invite dans les maisons et les lieux de culte chrétiens. Les Chrétiens de Chennai célèbrent la messe de minuit à la basilique Saint Thomas. Une croyance raconte comment l'apôtre Thomas après avoir séjourné sur la côte de Malabar pendant 10 ans, se mit en route vers le Tamil-Nadu pour atteindre Mylapore, un quartier de Chennai en l'an 68. La basilique actuelle qui porte son nom, serait d'après une autre légende construite sur ses reliques. C'est en Inde que j'ai découvert une autre facette de la Chrétienté. Quelle ne fut ma surprise de trouver sur les autels domestiques, des images de Jésus et de Bouddha côtoyant des divinités hindoues. À cet égard, de nombreux Hindous les considèrent comme des avatar ou des incarnations descendues sur terre pour libérer le monde des forces obscures. C'est dans ce creuset de cultures et de croyances religieuses que les kolam de Noël ont intégré autant les symboles religieux que les images d'Epinal venues de l'Occident.
Noël avec Pushpavalli, Suguna et Swarna
À l'approche de Noël, en ville ou dans les villages tamouls, on s'ébahit à la vue des kolam à l'esthétique qui oscille entre icône religieuse et imagerie kitsch. Pushpavalli raconte comme elle a grandi entre deux systèmes de croyances ; une mère chrétienne et un père hindou. "Noël a toujours fait partie de l'ensemble de nos fêtes, j'adore les scènes de Nativité et ses personnages que je reproduis dans mes rangoli colorés."
Les filles de Suguna vivent à l'étranger et c'est pour ses petites filles qui passent Noël aux Etats-Unis et en Angleterre qu'elle a composé ces dessins de poudre afin qu'elles n'oublient pas cette tradition graphique appelée kolam ou rangoli.
Swarna adore dessiner les kolam y compris pour Noël et me confie : "Plus jeune, je me réjouissais d'aller chez mon amie chrétienne admirer le sapin merveilleusement décoré ".
Noël avec Gomathi et Chandra
"Comme j'ai étudié et travaillé dans une institution catholique, il était naturel pour moi de présenter mes vœux de Noël en dessinant un kolam de circonstance." dit Gomathi. Chandra a elle aussi étudié dans une école religieuse et se souvient: "Enfant, nous attendions avec impatience Noël. Les décorations, les pièces de théâtre, les chants, la distribution des bonbons et l'arrivée du Père Noël me semblaient magiques. J'ai gardé des liens intimes avec des familles chrétiennes et nous échangeons régulièrement des cadeaux lors de nos fêtes respectives".
Un père Noël qui transcende les frontières, les croyances religieuses et les barrières sociales.