La maison et ses divinités — partie 2
Conjointement à Lakshmi, on rend hommage à d’autres divinités : Agni, le dieu du feu, Yama le seigneur des enfers, les serpents et les jours de la semaine par l’intermédiaire de diagrammes élaborés au sein d’une niche attenante au foyer principal.
Agni, Yama and Kubera
Conjointement à Lakshmi, on rend hommage à d’autres divinités : Agni, le dieu du feu, Yama le seigneur des enfers, les serpents et les jours de la semaine par l’intermédiaire de diagrammes élaborés au sein d’une niche attenante au foyer principal.
Kubera, dieu de la richesse et un des quatre dikpâla ou gardiens de l’espace de la cosmologie hindoue occupe une place prépondérante. Il gouverne le Nord où règne l’opulence par opposition au Sud qui est le domaine de Yama, la mort. Son image est celle d’un personnage potelé, assis sur des pots remplis de trésors mais au sein de l’oratoire c’est un carré magique, d’ordre trois qui le symbolise. On dessine sur une planche cette représentation chiffrée décrite comme ayant un pouvoir très puissant. Kubera remplit les greniers à grains, récompense celui ou celle qui lui rend hommage par des gains immenses, ou montre la voie pour explorer de nouvelles sources de revenus possibles.
Yama and Mrityunjaya
Pour éloigner la mort et développer la force intérieure nécessaire pour endurer les fardeaux terrestres, un pictogramme triangulaire que supporte une ligne recourbée s’adresse à Mrityunjaya, une émanation de Shiva et aux dires de certains une incarnation du singe divin Hanuman. Pour comprendre le kolam et sa symbolique double, revenons aux caractéristiques du Hanuman. D’une force hors du commun et héros du Râmayana, il apporta son aide à Râma pour combattre le démon Râvana et délivrer Sîta, l’épouse de Râma. Sa fidélité et sa loyauté envers le couple divin lui ont conféré l’immortalité et la jeunesse éternelle. L’épisode suivant fait partie de l’épopée et raconte comment Lakshmana, frère de Râma, tombe au combat grièvement blessé par une flèche empoisonnée. Seule l’herbe de vie en provenance des Himalaya peut le sauver. C’est ainsi que Hanuman chargé par le médecin royal de trouver la plante, s’envole vers le nord. Incapable d’identifier l’herbe médicinale il soulève la montagne et la rapporte tout entière sur le champ de bataille.
Le pictogramme en forme de métaphore représente la tourmente existentielle incarnée par la montagne-triangle et les prières qu’il convient d’adresser au singe Hanuman symbolisé par un tracé en forme de queue.
Navagraha, les neuf ou les neuf Saisisseurs
Les jours de la semaine et leurs planètes ou graha respectives comptent également parmi les divinités du foyer. Littéralement, le terme graha signifie saisisseur et par extension désigne le mot planète. Aux sept planètes principales, les Indiens ont rajouté Râhu et Ketu qui représentent les nœuds nord et sud de la lune ou les nœuds karmiques. Râhu est décrit comme un démon qui provoque les éclipses en prenant la Lune ou le Soleil dans sa bouche et Ketu personnifie les comètes. Ces deux divinités sont intimement liées, comme la tête et la queue qui composeraient une seule entité. Les planètes divinisées font l’objet de cultes permanents dans les temples du Tamil Nadu. Elles sont placées à l’écart sur un socle carré et ne se regardent jamais.
Au sein de l’espace domestique elles sont également l’objet d’une vénération à la hauteur de l’influence qu’elles exercent, bonne ou mauvaise. En principe on se doit de leur rendre hommage. Pourtant une imagière me confiera qu’elle préfère ne pas dessiner les diagrammes correspondants car si pour une quelconque raison elle oubliait ne serait-ce qu’une seule fois de les tracer, les divinités outragées déchaineraient alors leur colère entraînant calamités et infortune sur toute la maison.
Les kolam ne figurent pas les planètes de manière anthropomorphe. Ils sont des diagrammes géométriques qui prennent place dans l’oratoire domestique ou dans la niche servant d’autel de la cuisine. Chaque journée est symbolisée par un diagramme et une semence-verbale ou bija à l’exception du mardi et du samedi qui sont représentés par deux diagrammes au choix.
Extrait de mon livre : «Voyage dans l’imaginaire Indien, Kôlam, dessins éphémères des femmes tamoules » Editions Geuthner.