Alpona, image symbole des femmes du Bengale
C’est la première fois que je me rends au Bengale. Il y a des années que je rêve de découvrir ces éphémères beautés décrites et dessinées dans « L’Alpona ou les décorations rituelles au Bengale » ; un petit livre que j’avais emprunté à la bibliothèque du musée des Arts Asiatiques Guimet.
C’est la première fois que je me rends au Bengale. Il y a des années que je rêve de découvrir ces éphémères beautés décrites et dessinées dans « L’Alpona ou les décorations rituelles au Bengale »; un captivant petit livre que j’avais emprunté à la bibliothèque du musée des Arts Asiatiques Guimet. Depuis, j’ai acquis un exemplaire du précieux ouvrage et à chaque relecture, je me demande si ce patrimoine graphique de l’Est de l’Inde est toujours vivant.
Dans cette région, les images temporaires se nomment alpona, alpana ou encore alimpan et sont indissociables des rites féminins saisonniers appelés brata. Ces cérémonies occupent une place essentielle dans la vie des villageoises. Entre piété domestique et célébration des forces de la nature, les brata sont dédiés aux corps célestes, aux divinités, et plus particulièrement à la déesse de l’abondance Lakshmi ou Lokkhi comme on l’invoque ici. Certains brata sont très populaires, certains plus exceptionnels. D’autres encore sont accompagnés de chants et de danses et on en trouve de toutes sortes ; pour la protection des enfants ou du mari, pour s’assurer de bonnes récoltes et provoquer l’abondance des pluies, pour renforcer la fertilité des plaines alluviales. Les textes et les légendes qui accompagnent les dessins chantent le triomphe du soleil et la défaite de l’hiver, d’autres ont trait au mariage de la lune avec le soleil au printemps, d’autres encore célèbrent la naissance du printemps et son mariage avec la terre.
Dans le film « Pather Panjali » du réalisateur bengali Satyajit Ray, une jeune fille nommée Durga accomplit le Punyipukurbrata. Agenouillée à l’extérieur de sa maison, elle creuse un étang miniature dans la terre, y plante une ramille, offre des fleurs et appelle la pluie mais aussi la bénédiction divine pour obtenir un bon époux :
« Saint étang, guirlande de fleurs, Qui vient prier ici à midi ? C’est moi, l’heureuse sœur de sept frères. Conseille-moi Déesse, je ne sais comment prier. Fais que je vive heureuse avec un mari. Déesse, accorde-moi cette bénédiction. »
Les scènes suivantes montrent un étang qui frise sous le vent et une prairie de lotus qui vacille sous les trombes d’eau. (4.19 Durga se prépare et creuse l’étang miniature, la prière commence à 5.38 jusqu’à 6.01).
Articles suivants:
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Alpona du Bengale, "La maison de Sumitra" — partie 3
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