Des tapis de fleurs pour célébrer Onam — partie 1

Au Kérala (Inde du Sud), Onam, la plus populaire des fêtes prend place durant le mois lunaire de Chingam (août-septembre). Les Kéralais et les communautés de Malayalis de par le monde se rassemblent pour accueillir le retour sur terre du légendaire roi Mahabali ou Maveli.

Des tapis de fleurs pour célébrer Onam — partie 1

Les célébrations d'Onam

Au Kérala (Inde du Sud), Onam, la plus populaire des fêtes prend place durant le mois lunaire de Chingam (août-septembre). Les Kéralais et les communautés de Malayalis de par le monde se rassemblent pour accueillir le retour sur terre du légendaire roi Mahabali ou Maveli. Grâce à lui, le Kérala aurait connu un âge d’or et voici ce que raconte la légende.

« Le royaume du très puissant roi-démon Mahabali était prospère et il avait réussi par de sévères austérités à conquérir les trois mondes: la terre, les cieux et les régions infernales. Indra le roi des Dieux, se sentant humilié et menacé, demande à Mahavishnou d’intervenir. Ce dernier désireux de restituer le royaume à Indra prend la forme d’un nain (Vāmana) brahmane et se rend chez Mahabali. Il demande au roi démon l’aumône de « trois pas » de terre. Amusé, le roi démon connu pour sa générosité lui accorde. Vamana se met à grandir démesurément et, d’un premier pas, parcourt la terre, du deuxième il s’empare des cieux et ne sachant pas où mettre le troisième, le roi Mahabali propose sa propre tête. Vishnou en profite pour l’envoyer dans les régions inférieures où il devient le souverain. Connaissant sa nature généreuse et aimante, Vishnou accorde à Mahabali le droit de revenir sur terre une fois par an pour visiter son royaume et son peuple. »
Le roi Mahabali

Pour les Malayalis du Kérala et ceux résidant à l'étranger, le festival est celui de la fraternisation, il réunit sans distinction les communautés et transcendent les notions de caste et de croyances. Il rappelle à chacun une époque heureuse durant laquelle l'abondance, l'égalité et la droiture régnaient. Il évoque les courses de bateaux, les programmes culturels, les compétitions sportives  et la réalisation de tapis de fleurs. Le Mahabali Charitam, une ballade du 17ème siècle vantent les qualités de cet âge d'or.

« Lorsque Maveli (Mahabali) régnait, tous les hommes étaient unis. Ils vivaient alors dans le bonheur et ne connaissaient aucune calamité. Il n’y avait ni malhonnêteté ni médisance, Il n’y avait pas de mesures (à grains) tronquées ou autres pratiques malhonnêtes etc
La jeune fille reprend les couplets très populaires de l'histoire de Mahabali (Mahabalicharitam)

Pookalam ou les tapis de fleurs

Les pookalam ou tapis de fleurs font partie intégrante des célébrations d'Onam et c’est par ces mots du Mahabali Charitam ou l'histoire de Mahabali que le souverain enjoignait son peuple à préparer l’évènement:

« Nous devons conduire les festivités de la manière suivante : À partir de maintenant, chacun d’entre nous doit décorer sa maison, nettoyer et balayer sa cour et enduire le sol de bouse de vache. Nous devons ériger un support en terre sur lequel on dessinera des motifs avec de la chaux éteinte et qui sera orné de fleurs tumpa et d’autres encore. Ce rituel débutera à la constellation d’Attam, dix jours durant, jusqu’à Onam. Combien de célébrations y-a-t-il? Je ne peux le décrire

C’est à partir de la constellation d’Attam jusqu’à celle de Tiruvonam que l’on peut admirer, dix jours durant dans la campagne ou dans les villes, des compositions florales abstraites ou figuratives. Dans les années 80 alors que je vivais dans un village au Kérala, je me souviens de l'effervescence de cette période.  Tous les matins, femmes et enfants cueillaient fleurs et feuilles dans le jardin attenant à la maison. Parfois, ils glanaient les végétaux de saison sur les chemins de terre du village et ramenaient triomphants la précieuse cueillette.  

Après les pluies torrentielles de la mousson du sud-ouest, le ciel s’éclaircit et la nature plus verte que jamais abonde en fruits et en fleurs aux parfums subtils. Traditionnellement, les pookalam sont composés de fleurs indigènes du Kérala : tulasi: (basilic Ocimum Sanctum), chethi (Ixora), chemparathy (Hibiscus), shankupushpam (Clitoria ternatea), jamanthi Chrysanthèmes blancs et jaunes),  mandaram ( Bauhinia acuminata ou arbre à orchidées blancs), mukkuthi (Mimosa pudica), Hanuman kireedam  (Clérodendron, l’arbre pagode), thumbapoo (Leucas zeylanica), aripoo (Lantana camara), kakkapoo (Lobelia), kannanthali (Exacum) mathapoo (fleur de citrouille), kolambi (Trompette d'or), kalyanasougandhikam (Gingembre papillon),  champaka ( fleur de Frangipanier), Pavizhamalli (Jasmin corail) etc. On cueille également des feuillages de différentes couleurs. L'ensemble des végétaux servira à composer la décoration florale face à l'entrée de la maison ou dans la cour du temple.

Kérala, Onam 1982
Kérala, Onam 1982
Kérala, Onam 1982
Kérala, Onam 1982

Ces fleurs qui jadis décoraient les cours des maisons kéralaises ont quasiment disparu, remplacées par des "Onam kit flowers et son dessin préétabli". Les pétales de rose, les oeillets d'inde, les asters, les lotus etc s'achètent au poids et c'est ainsi que les décorations florales délaissent une physionomie modeste pour une apparence plus riche mais moins chatoyante. Un grand nombre de pookalam illustre des dieux et des déesses, des scènes de la vie quotidienne ou encore des peintures. Des compositions florales incorporent des symboles d'une entreprise ou d'un corps de métier.

Pookalam au temple de Guruvayur (Ganesha)
Le dieu Krishna donnant à manger à une vache
Temple de Vadakkunnathan

En ville, les étudiants, les employés de banque, d'hôtel ou d'entreprises décorent leurs lieux de travail ou participent à des concours organisés par la direction. Certains offices de tourisme invitent les touristes de passage à participer à l'élaboration de tapis floraux.


Des étudiants composent un tapis floral.
Tapis floral dans une entreprise. L'image est celle d'un personnage de Kathakali (théâtre traditionnel du Kérala).