Kolam, variations autour des fleurs
Les fleurs réelles ou imaginaires abondent dans les kolam. Elles se déclinent en d’infinies variations qui permettent d’explorer soit l’aspect symbolique du végétal soit le potentiel abstrait de la forme.
Le sentiment de nature est extrêmement vivace dans le monde indien, les fleuves et les rivières portent des noms féminins, La terre elle-même est décrite sous les traits d’une belle femme. Les arbres, les plantes grimpantes, les saisons, les oiseaux et les animaux sont personnifiés et déifiés alors rien de surprenant dans le fait qu’ils entretiennent des relations étroites avec les humains.
Extraits de mon livre : «Voyage dans l’imaginaire Indien, Kôlam, dessins éphémères des femmes tamoules » Editions Geuthner.
Elles constituent des métaphores poétiques très prisées des littératures pastorales et amoureuses. Voici un extrait du poème lyrique Gîtagovinda de Jayadeva (chapitre XI, chant 21):
Dans la chambre d'amour de ce ravissant bosquet, viens folâtrer toi dont le visage sourit à l'appel de la volupté. Viens ô Râdha, rejoindre ici Mâdhava.
Sur cette couche de de tendres feuilles d'açoka, viens folâtrer, toi dont le collier se balance sur le galbe de tes seins.
En cette pure demeure faite d'une voûte de fleurs, viens folâtrer toi dont le corps a la délicatesse des fleurs.
En ce bosquet où pullulent les pousses nouvelles des milliers de longues lianes, viens folâtrer à ton aise, toi dont les hanches sont lourdes et lascives.
En ce bosquet tout bruissant d'un essaim d'abeilles ivres de pollen, viens folâtrer, toi dont le coeur brûle d'amour sous l'effet des flèches-fleurs.
Paul Martin-Dubost, Le théatre dansé du Kérala, Edition La Différence, 1990
En Inde, fleurs et feuilles de certains arbres ou plantes sont les éléments indispensables des cérémonies et des rituels d’adoration. C'est donc naturellement qu'elles figurent dans les kolam et se déclinent en d’infinies variations qui permettent d’explorer soit l’aspect symbolique du végétal soit le potentiel abstrait de la forme.