Nâga Panchami, le festival des dieux-serpents
Le festival dédié aux Nâga est célébré à la saison des pluies, durant le mois tamoul de Aadi (mi-juillet, mi-août) lorsque l’eau pousse les serpents hors de leurs trous et qu'ils s'aventurent près des habitations. Il rend hommage aux dieux-serpents et à l'aigle Garuda.
Rendre hommage aux Nâga
Dans la civilisation indienne, les serpents sont l’objet d’une grande vénération. Élevés au statut de divinités, ils sont des génies aquatiques, des faiseurs de pluie et sont considérés comme des forces personnifiées de la nature. En Inde du Sud, le long des routes, à l'entrée des villages, dans les temples ou à l'ombre d'un Figuier des pagodes ou pipal (Ficus religiosa), on aperçoit des pierres sculptées (nâgakal) dédiées aux serpents. Ces derniers revêtent plus formes : mi-humains ou mi-serpentins, polycéphales et chacune des têtes, est pourvue d’un capuchon déployé à la manière d'un parasol. D'autres serpents enlacés ressemblent au caducée de Mercure.
Dans les temples, les pierres votives sont souvent regroupées sur un autel à l'extérieur de l'enceinte principale. Villageois, dévots et voyageurs s'arrêtent devant elles, y déposent des offrandes et murmurent leurs requêtes. On s’adresse aux Nâga pour vaincre la stérilité, la cécité et les maladies de peau.
Consacrer les termitières fait également partie des rituels villageois du sud de l'Inde. On dit que les dieux-serpents y habitent et que les cavités sont les portes vers les mondes souterrains.
Le festival de Garuda et Nâga Panchami
Le festival dédié aux Nâga est célébré à la saison des pluies, durant le mois tamoul de Aadi (mi-juillet, mi-août) lorsque l’eau pousse les serpents hors de leurs trous et qu'ils s'aventurent près des habitations ; ce qui augmente le risque de morsures. Il rend hommage aux dieux-serpents et à l'aigle Garuda. Le premier jour appelé Garuda Panchami exalte l'amour fraternel et consacre Garuda, la monture du dieu Vishnou. Voici le récit de Garuda et des mille serpents, frères et rivaux à la fois.
Garuda et les mille serpents
Il était une fois un sage du nom de Kashyapa et de ses deux épouses Kadru et Vinita. Kadru donna naissance à mille serpents et Vinita, la mère des oiseaux mit au monde l'aigle Garuda. Cette dernière devint l'esclave de Kadru après avoir perdu un pari truqué. Kadru accepta de relâcher Vinita si Garuda, arrivait à obtenir l'élixir d'immortalité. Il s'acquitta de cette tâche et c'est ainsi que les serpents eurent la capacité de muer. - Selon la légende, cet épisode malheureux fut l'élément déclencheur de l'inimité légendaire entre les oiseaux de proie et les serpents-. Sur le chemin du retour des cieux, Garuda, rencontra le dieu Vishnou et accepta de devenir sa monture.
Garuda est décrit comme un homme-oiseau fabuleux ou un aigle mythique au plumage doré et ennemi des serpents. L'épisode du fils aimant qui a sauvé sa mère de l'asservissement est un symbole important de ce festival. De ce fait, Garuda apparaît dans les kolam du premier jour. Le deuxième jour, on invoque les Nâga pour le bien-être des enfants, de la famille et la prospérité en général. C'est également un moment favorable pour se repentir d'avoir volontairement ou involontairement tué un serpent dans cette vie ou dans les vies antérieures. J'ai entendu dire également que l’intoxication par des produits chimiques ou des substances allergisantes ainsi que les dépendances à l’alcool et aux drogues étaient liées aux serpents. Il conviendra alors de rendre hommage aux Nâga afin de guérir.
Le deuxième jour, c'est au tour des dieux-serpents de figurer sur le seuil de la maison ou sur l'autel domestique. En dehors de ce festival, il n'est pas souhaitable de les représenter sur le pas de la porte car ils pourraient s'inviter dans les habitations.
Mon amie Pratheeba m'explique ce que ce festival représente pour elle et sa famille. "Nous accueillons les serpents en les dessinant tournés en direction de la maison le premier jour. Le jour suivant, nous les représentons la tête tournée vers l'extérieur prêts à repartir. Nous dessinons également des serpents avec de la pâte de curcuma sur les murs de chaque côté de la porte d'entrée. Nous ne mangeons aucun aliment qui nous rappelle la forme serpentine comme les courges-serpents, les pâtes vermicelles et des pommes de terre à cause de la peau."
Entrelacs et nœuds
Ces diagrammes sur le sol représentent tantôt un serpent unique, tantôt plusieurs serpents lovés. Leurs queues décrivent des entrelacs savants et forment une ou plusieurs lignes continues et ininterrompues qui se croisent et s’entrecroisent en formant des nœuds à la manière des sikku kolam. Il est préférable de ne pas les dessiner sur les trottoirs ou sur les lieux de passage car il serait de mauvais augure de les piétiner.
L'article et les illustrations sont extraits de mon livre "Extraits de mon livre : «Voyage dans l’imaginaire Indien, Kôlam, dessins éphémères des femmes tamoules » Editions Geuthner.