Célébrer Onam avec Jaya Mohan
Au Kérala, les pookalam ou tapis floraux font partie intégrante des célébrations d'Onam. Cette année, Jaya Mohan partage ses créations florales si poétiques.
Les célébrations d'Onam
Au Kérala (Inde du Sud), Onam la plus populaire des fêtes, prend place durant le mois lunaire de Chingam (août-septembre). Les Kéralais et les communautés de Malayalis de par le monde se rassemblent pour accueillir le retour sur terre du légendaire roi Mahabali ou Maveli. Grâce à lui, le Kérala aurait connu un âge d’or et à cette occasion, les pookalam ou tapis floraux font partie intégrante des célébrations pour fêter sa venue. Un grand nombre de ces créations florales illustre des dieux et des déesses, des scènes de la vie quotidienne ou encore des peintures. Cette année, mon amie Jaya Mohan partage avec nous, ses créations végétales.
"Les Kéralais ne dessinent pas de kolam devant l'entrée de la maison. Ils créent des pookalam (tapis de fleurs) lors du festival d'Onam. Ça commence à partir de Vinayaka Chathurthi en dessinant un petit cercle avec des fleurs de "thumbapoo" (Leucas) puis chaque jour on agrandit le cercle avec d'autres fleurs glanées ici et là dans le jardin ou alentour. J'ai grandi au Tamil-Nadu mais je continue de rendre visite à mes cousins du Kérala et ensemble, nous ramassons des végétaux pour élaborer le pookalam. À la maison, nous créons un tapis floral le jour le plus important d'Onam. Lorsque l'internet est entré dans ma vie, ce fut l'occasion de partager mes photos avec mes amies et mon imagination a été stimulée."
"Lors d'une visite chez mon fils installé à Seattle (États-Unis), j'avais à ma disposition une grande variété de fleurs. Mes petites filles étant en congé, nous avons imaginé chaque jour des compositions inspirées d'images vues sur l'internet et les avons adaptées."
"À cause de la pandémie, je suis restée comme tant d'autres à la maison et j'en ai profité pour imaginer des tapis floraux. Un jour, en cherchant sur l'internet, je suis tombée sur une création qui représentait Vasevuda traversant la rivière Yamuna avec bébé Krishna dans un panier au-dessus de sa tête. Dès lors, j'ai eu envie de créer ma propre version de cet épisode mythique. Je ne sais pas dessiner de tête mais j'ai posé les contours puis rempli les espaces avec des fleurs et des feuilles."
"Mes amies et ma famille ont beaucoup apprécié cette composition. Portée par leur enthousiasme, j'ai continué avec une image aperçue dans un groupe de kolam et qui montrait le roi mythique Mahabali chevauchant une moto et chaussé de lunettes de soleil. "Pourquoi ne porte t-il pas de masque pour se protéger leur ai-je demandé?" Le lendemain j'en donnais ma version personnelle; toujours à moto avec des lunettes de soleil, Mahabali se voit offrir un masque par un colporteur qui promène et propose toutes sortes d'objets bon marché."
"J'ai toujours adoré l'histoire de la sainte Avvai paatti et du dieu Murugan car elle souligne l’arrogance et la suffisance qui accompagnent parfois la connaissance. C'est une légende très populaire au Tamil-Nadu qui raconte comment la sainte poétesse imbue de son savoir, rencontre le dieu Murugan perché sur la branche d'un arbre. Après lui avoir révélé son identité divine, elle prend peu à peu conscience de son manque d'humilité."
"En dehors des thèmes épiques ou philosophiques, la culture du Kérala m'inspire aussi. Il y a le théâtre dansé appelé Kathakali et ses personnages extraordinaires. J'ai ainsi créé un masque dit "Pacha" -celui des personnages nobles- Les festivités d'Onam sont également synonymes de courses de bâteaux et j'ai eu envie d'en représenter."
Jaya Mohan excelle également dans l'art des kolam-entrelacs très complexes.